samedi 14 janvier 2012

Soulèvements arabes et recompositions diplomatiques : l’Amérique et l'Europe face à la nouvelle donne


Soulèvements arabes et recompositions diplomatiques : l’Amérique et l'Europe face à la nouvelle donne


Au cours de l’année 2011, la disparition physique ou politique de trois leaders arabes installés de longue date,[1] l’isolement du régime syrien à la suite de sa répression sanglante des mouvements observés,[2] les tensions auxquelles plusieurs autres régimes arabes ont tenté de répondre par la violence (Yémen, Bahreïn), par la réforme politique institutionnelle (Maroc, Jordanie, dans une moindre mesure Oman), ou la redistribution financière (Algérie, pays du Golfe), ne peut naturellement être sans répercussions sur le monde extérieur. Les puissances régionales non arabes, en premier lieu, sont placées dans l’obligation de réagir. Dans son jeu complexe qui a fait de lui de facto une puissance arabe en dépit de son identité perse, l’Iran cherche à conserver des leviers, tout en craignant, par contagion, une deuxième vague de protestation semblable à celle qui avait suivi l’élection présidentielle de 2009. Après avoir mis en œuvre une diplomatie régionale marquée par le slogan du « zéro problème », la Turquie, avec son ministre des Affaires Etrangères Ahmet Davitoglu, doit reconsidérer sa position.[3] Israël enfin, qui aimait à se présenter comme la seule démocratie du Moyen-Orient, peine à formuler une réponse aux événements récents. D’autant que, dans le même temps et sur cette toile de fond de soulèvements populaires aux aspirations démocratiques, resurgissent sans surprise les enjeux régionaux attendus, au premier plan desquels la question palestinienne, tout particulièrement dans le cadre des Nations Unies.

Les soulèvements arabes exigent également des réponses de la part des puissances globales et des puissances voisines. Pour deux acteurs en particulier, l’enjeu est d’importance. Pour les Etats-Unis d’abord, qui ne peuvent s’éloigner de leur soutien inconditionnel à Israël mais comptaient quelques alliés de poids parmi les pays musulmans environnant, la nouvelle donne est lourde d’incertitudes. Pour l'Union Européenne ensuite, dont la rhétorique sur le voisinage euro-méditerranéen s’est récemment renouvelée, sans pour autant jamais déboucher sur un véritable statut d’acteur politique dans la région. Au sein de cette union, la France se trouve dans une posture délicate : critiquée pour avoir tardivement pris la mesure de la situation tunisienne, puis pour avoir été, à l’inverse, acteur de premier plan dans l’affaire libyenne, elle entretient avec le monde arabe une relation historique qui doit être profondément réinventée. Pour l’ensemble de ces acteurs, les événements passés ou pour certains d’entre eux encore en cours (on pense notamment ici au drame syrien), sont déjà porteurs d’un certain nombre de leçons. Ils sont également annonciateurs de plusieurs dilemmes auxquels il devra être répondu sereinement pour éviter qu’ils ne se transforment en pièges.

Lire la suite dans le dernier numéro de la revue Moyen-Orient, n°13, janvier-mars 2012

[1] Depuis 1969 en Libye, 1981 en Egypte, 1987 en Tunisie.
[2] Plus de 3.000 morts présumés à l’heure où nous écrivons ces lignes, en novembre 2011.
[3] On l’a vu notamment sur le dossier syrien : après avoir cherché à réintégrer Damas dans le jeu politique régional à la faveur des pourparlers de paix avec Israël, Ankara a tenté de proposer des portes de sortie au régime baasiste au début de sa campagne de répression, avant de finalement changer d’attitude et désapprouver ouvertement la violence déployée par le pouvoir alaouite.

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