lundi 18 février 2013

Les deux temps paradoxaux de l’autonomie stratégique



La décision française d’intervenir au Mali dans le cadre de l’opération Serval, lancée le 11 janvier 2013, confirme une caractéristique nouvelle des relations internationales contemporaines. Celles-ci en effet imposent aux principales puissances démocratiques, pour leurs initiatives stratégiques les plus importantes (essentiellement les interventions militaires), de procéder, en deux temps, à un double mouvement d’apparence paradoxale.
Dans le premier temps, celui de la décision et de l’initiative (procéder à l’intervention), il importe d’être en mesure d’agir seul. Dans un second temps (consolider et légitimer cette intervention), il importe d’être en mesure de ne pas le rester.
Le premier temps est éminemment politique et militaire. Il s’agit d’opérer un mouvement qui nécessite une combinaison de volontarisme politique (sans lequel rien n’est initié) et de savoir-faire militaire (sans lequel rien n’est crédible sur le terrain). Ce mouvement nécessairement pionnier puisque solitaire, doit être lancé s’il le faut sans attendre le consentement des alliés ou des partenaires, sans attendre la formulation d’une résolution parfaite des Nations Unies. Il s’agit donc d’une phase périlleuse, mais qui repose essentiellement sur des premiers succès rapides sur le terrain, accueillis favorablement par la société du pays « d’accueil ». L’enjeu est également de montrer que dans ces temps de globalisation complexe, une puissance garde son autonomie stratégique, dans l’analyse politique de la situation comme dans la réponse concrète.
Le second temps se déroule davantage sur le terrain diplomatique, où la capacité d’action doit laisser la place à la « capacité d’entraînement », pour reprendre une expression popularisée jadis par Hubert Védrine. A l’audace de l’élan solitaire doit succéder la réassurance du coalition building. L’entreprise, pour rester courageuse mais non aventureuse, doit s’assurer d’un soutien plus large qui laisse déjà entrevoir la possibilité d’une relève sur le terrain : d’autres acteurs, en d’autres termes, si possible issus d’autres sphères de la scène mondiale que du seul club otanien, devront prendre le relais de la puissance pionnière ou au moins accompagner substantiellement celle-ci. 

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