vendredi 19 décembre 2014

P. Buhler, La puissance au XXIe siècle




P. Buhler, La puissance au XXIe siècle, Biblis, Editions du CNRS, 2014
Retrouvez les autres notes de lectures dans la Lettre de l'IRSEM n°8-2014

La réédition augmentée et en poche de ce travail désormais classique de Pierre Buhler (première édition en 2011) vient utilement mettre à jour sa réflexion sur la puissance, notamment à la lumière des événements ukrainiens, mais aussi moyen-orientaux. Diplomate de carrière doté d’une expérience d’enseignement de quatre années à Sciences Po, l’auteur excelle là où on l’attendait (notamment sur la conception russe de la puissance, sur la situation ukrainienne et centre-européenne, sur la puissance américaine, sur l’Asie – autant de champs qu’il a pratiqués amplement), mais également là où on l’attendait moins, à savoir sur la partie plus académique de sa réflexion (dont on pouvait imaginer qu’elle exigeait un investissement en temps moins accessible à un acteur qu’à un universitaire). Les quelque 600 pages de Pierre Buhler offrent en effet en toile de fond, au-delà de l’analyse du concept de puissance,  une véritable introduction aux relations internationales qui mobilise les auteurs clefs et les commente avec pertinence. Sur le concept de puissance lui-même, la mise en abîme historique (chapitre 1), les passages sur la relation de la puissance au droit et, partant, à la légitimité (chapitre 3), à la géographie, à la démographie ou à l’économie, sont particulièrement éclairants. P. Buhler plaide notamment, chiffres alarmants à l’appui, pour un plus grand investissement français et européen en faveur de la R&D, éléments incontournables de la puissance de demain. Sans parti pris théorique, il adopte néanmoins (p.330-331) l’une des définitions les plus modernes et convaincantes de la puissance, à savoir celle de Susan Strange (The Retreat of the State, 1996), comme : « la capacité d’une personne ou d’un groupe de personnes d’influer sur un résultat de telle manière que ses préférences l’emportent sur celles des autres ». A méditer.

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