lundi 29 août 2016

L’OTAN peut-elle se passer de la Turquie ?

Le 25 août, l’armée turque lance une opération sur le sol syrien, appuyée par les forces aériennes de la coalition internationale, pour repousser l’Etat islamique hors de la ville de Jarablus, proche de la frontière turque.

Dans Le Monde daté du 26 août

Cela fait bien longtemps, en réalité, que la relation entre Ankara et l’Occident – pris ici au sens de l’OTAN et de l’Union européenne (UE) – a cessé d’être simple. L’espoir initial d’un dialogue serein avec un gouvernement « islamiste modéré » respectueux du jeu démocratique et des accords stratégiques s’est étiolé au fil des crispations politiques et des brouilles diplomatiques d’Erdogan.
En moins d’un an, cet éloignement s’est transformé en crise, jusqu’à poser la question de l’avenir de la Turquie dans l’Alliance atlantique. La stabilité du pays, l’évolution de son armée et les orientations internationales de son exécutif constituent trois inconnues de taille face auxquelles il est pour l’heure difficile de manœuvrer, tant que la réflexion opposera intérêts stratégiques et valeurs politiques.
Un constat s’impose : la Turquie traverse des heures difficiles, et ce n’est une bonne chose pour personne. Le tableau est sombre : une tentative de putsch militaire ayant fait plusieurs centaines de victimes civiles ; une réaction gouvernementale, avec la mise en garde à vue de plus de 18 000 personnes au 3 août 2016 ; un coût indéniable pour l’économie du pays (chiffré à 90 milliards d’euros par les autorités) et pour son image ; un conflit kurde (avec le PKK) qui s’intensifie ; une population victime de plusieurs actes terroristes majeurs (comme l’attentat du 28 juin à l’aéroport d’Istanbul) ; une diplomatie en délicatesse avec les principaux partenaires et voisins...

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