vendredi 31 mars 2017

Hubert COUDURIER, Jean-Yves LE DRIAN. Le glaive du président




H. COUDURIER, Jean-Yves LE DRIAN. Le glaive du président, Plon, 2017


Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère de la France, le directeur de l’information du Télégramme (de Brest) et de télévision Bretagne Ouest nous offre à la fois une biographie de l’homme et un panorama de la plupart des dossiers récents qu’il a eu à traiter. L’exercice est utile : rares sont les publications sur un ministre de la défense encore en exercice à l’heure de la parution. Il n’est pas trop technique, et en cela différent d’autres travaux plus volumineux (mais tout aussi indispensables) sur les opérations militaires françaises.

Le Drian le Breton, Le Drian le socialiste, Le Drian le proche de François Hollande, Le Drian l’Africain, sont ainsi racontés tout à tour. Le Mali, le Tchad, la Centrafrique, les régimes africains, les rivalités avec le Quai, l’imbroglio libyen, les exportations d’armes et leurs méandres proche-orientaux et en particulier golfiques, constituent l’essentiel de la seconde partie de l’ouvrage, celle qui traite du quinquennat. Plus rapidement, sont évoqués les relations avec l’Amérique, la gestion de la crise ukrainienne, les relations avec Poutine sur la Syrie, le lien franco-algérien si particulier. On aurait sans doute aimé un mot de plus sur l’épisode syrien de 2013 (la France qui s’apprête à frapper, l’Amérique qui recule), sur la gestion du ministère lui-même en ces temps difficiles, ou sur les discours du ministre au Shangri La Dialogue de Singapour, dans lesquels il annonça par deux fois - sans doute de façon optimiste – le retour de la France comme puissance en Asie (2012), ou des initiatives européennes en Mer de Chine du Sud (2016). Mais au final, c’est une synthèse utile des cinq années du ministre à l’hôtel de Brienne que nous tenons ici.

Quelques petites erreurs étonnantes – de relecture sans doute - parsèment le livre. La célèbre phrase polémique de Manuel Valls sur le jihadisme « Expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser », devient « expliquer c’est déjà comprendre » (p.25 – ce qui eut été moins problématique!), le malheureux chef de bataillon Damien Boiteux n’a pas été « gravement blessé » mais hélas tué dans l’opération Serval (p.127), la formule de Lionel Jospin sur l'Afrique n’était naturellement pas « mi-ingérence mi-indifférence » (mais ni-ni – p.151), Michèle  Alliot-Marie ne fut pas ministre de la défense de Nicolas Sarkozy mais de Jacques Chirac (p.201), etc. Mais le contexte est néanmoins bien resitué. Le portrait de l’homme paraît honnête, à la fois admiratif et sans masquer quelques critiques (un Le Drian qui n’aime pas l’opposition, s’en prend aux journalistes du Monde ou de Canal Plus) ; le portrait de son équipe fait peut-être preuve de moins de distance, mettant en scène les différents conseillers d’une manière qu’ils ne désapprouveraient sans doute pas (on s’éloigne alors du portrait « sans concession » promis en quatrième de couverture).

L’ouvrage de Coudurier s’inscrit dans la lignée de ces livres de journalistes utiles sur la gestion en cours ou récente de l’action extérieure. Des travaux plus universitaires devraient leur emboîter le pas.
 




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