mardi 20 novembre 2018

Mémoires de diplomates - Jean-Marc Simon, Secrets d'Afrique




Jean-Marc Simon, Secrets d’Afrique. Le témoignage d’un ambassadeur, Cherche Midi, 2016

Jean-Marc Simon fut ambassadeur en République centrafricaine, au Nigéria, au Gabon et en Côte d’Ivoire, et dans plusieurs cabinets ministériels. Elevé à la dignité d’ambassadeur de France par François Fillon en 2011, proche de Michel Roussin (l’un des hommes des dossiers africains de la chiraquie), toujours actif dans le conseil en Afrique (à la tête de Eurafrique Stratégies), il revient, dans un style diplomatique classique mais efficace, sur plusieurs de ses postes ou missions, au Tchad, dans l’afrique du Sud de l’apartheid, sur le Rwanda, longuement sur la Centrafrique, au Nigéria (où il fut maître de stage ENA d’un certain Emmanuel Macron), au Gabon, en Côte d’Ivoire. Rien hélas sur sur les Philippines, le Pérou et le Liban, certes hors d’Afrique, où il fut pourtant en poste. Des portraits saisissants – souvent aimables – parsèment ces mémoires : Hissein Habré, Pik Botha, Ange-Félix Patassé, Omar Bongo surtout, ou encore les protagonistes du drame ivoirien, Gbagbo, Ouattara et Bédié. Pas de révélation fracassante sur la « françafrique », quelques passages peut-être même trop courts (sur le rôle de l’armée française en Côte d’Ivoire dans l’extrême tension de 2004, ou la chute de Gbagbo en 2011). Le fil de nombreux épisodes est retracé de l’intérieur, avec quelques scènes saisissantes. La politique française est défendue dans un exposé assez clair, et revendiqué à droite, tandis que la méthode jospin (1997-2002) est égratignée pour son « ni ingérence, ni indifférence », auquel l’auteur ne croit pas : « En l’occurrence, c’est souvent l’indifférence qui prévaut ». Les ambiguïtés ou complexités de plusieurs chefs d'Etat apparaissent, sous une plume pourtant diplomatique. Hissein Habré n’en est pas l’un des moindres. L’opération Manta de 1984 et l’affrontement de François Mitterrand avec Kadhafi, la cohabitation de 1986-88, bien d’autres épisodes sont retracés. Ni regrets ni remords, ni sur le système Foccart ni sur le Rwanda. Peu de secrets en réalité, mais un témoignage qui permet de mieux comprendre ce que fut l’approche française et celle de ses acteurs, dans une Afrique qui aujourd’hui n’est plus la même.

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