lundi 30 juillet 2018

Trump vs Ocasio-Cortez ou l’avènement de l’idéologie identitaire

Article publié dans L'Opinion

La victoire d’une jeune femme de 28 ans aux primaires démocrates dans le 14e district de New York (contre un cacique du parti) confirme-t-elle une demande mondiale de renouvellement politique ? On enregistre là, une fois de plus, un désir de charisme, d’authenticité et d’engagement, propice aussi à des discours forts, identitaires et idéologiques. Cette tendance, qui trouve ses origines dans des situations très locales ou dans des situations sociales très précises, ne sera pas sans conséquences sur la politique internationale. Comment, alors, la prendre en considération à l’échelle diplomatique ?
Pourquoi c’est important: triomphe de la politique « par le bas »
Le succès new-yorkais de la jeune barmaid portoricaine sera peut-être sans lendemain, dans un pays où il suffit de crier trop fort dans un meeting pour briser sa carrière (ce qui arriva au démocrate Howard Dean en 2004). On peut aussi, comme Nancy Pelosi, leader sortante du Parti Démocrate à la Chambre des représentants, juger peu significative la victoire d’Ocasio-Cortez, puisqu’elle survient dans une circonscription très particulière, marquée par les difficultés sociales et la forte présence de minorités. Il n’empêche : cette victoire surprise ressemble trop à d’autres, ailleurs, pour ne pas appeler quelques questions.
Elle marque un nouveau triomphe de la politique par le bas, non au sens péjoratif d’un débat de bas niveau, mais d’une réappropriation de l’agenda politique par les aspirations populaires, comme revanche des sociétés sur les élites consacrées. « Les femmes comme moi ne sont pas censées se présenter aux élections », « nous avons les gens, ils ont l’argent », dit Alexandria Ocasio-Cortez. « Dignité économique, sociale, et raciale », système de santé universel, accès à l’éducation supérieure pour tous, abolition de l’Immigration and Customs Enforcement (Ice – mécanisme de contrôle des frontières), font partie de ses revendications, qui mobilisent les registres de la race, du genre et de la classe sociale. Il y a là une forme d’idéologie, identitaire, qui n’est pas celle des grands auteurs mais oppose des catégories de personnes aux intérêts jugés incompatibles, pour raviver des grands clivages. De l’autre côté de l’échiquier politique américain, Trump ne fait pas autre chose, en s’adressant d’abord à « sa » catégorie d’électeurs (plus blancs, plus âgés). Ailleurs en Europe ou en Asie (Philippines), des candidats triomphent aussi en se présentant comme les instruments de revanche d’une catégorie de population contre le politiquement correct.
Analyse : du « grassroot level » à l’international

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