jeudi 6 juillet 2017

Face à Trump, Emmanuel Macron invente le gaullo-mitterrandisme global

 
(article publié dans The Conversation)

En janvier 2017, nous nous interrogions sur le fait de savoir si le Président américain pouvait devenir l’ennemi pour ses alliés, européens notamment. Entre-temps, la présidence Trump a confirmé de nombreuses craintes : amateurisme, repli, provocations, tensions avec les partenaires… Dépeint tour à tour comme le porte-parole des faucons les plus durs, ou – ce qui n’est pas exclusif – comme un personnage en mal de reconnaissance, détruisant tout autour de lui faute de pouvoir briller autrement, Donald Trump a sérieusement altéré la relation transatlantique.
Sa première sortie internationale, qui après le Proche-Orient passait par l’OTAN et le G7, a produit au moins trois résultats. Elle a collectivement inquiété les Européens sur l’avenir de l’Alliance, rendu à la fois pessimiste et déterminée une Angela Merkel exaspérée, et intronisé le nouveau Président français, Emmanuel Macron, comme le contradicteur occidental le plus assumé du « trumpisme ».

Naissance d’un duo

L’annonce, le 1e juin, du retrait américain de l’accord de Paris sur le climat, a intensifié ce face-à-face que l’on pressentait déjà : l’opposition de style entre le libéralisme, le multilatéralisme et le combat contre le repli nationaliste, prônés par Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale, tranchaient avec les valeurs qui ont porté Donald Trump à la Maison Blanche. Dans son discours de sortie de l’accord climatique, Donald Trump a ainsi cité explicitement Paris, qui ne devait plus être « placé avant » un intérêt américain incarné pour l’occasion par « Youngstown, Ohio, Detroit, Michigan, et Pittsburgh, Pennsylvanie ». Dans les minutes qui ont suivi cette annonce, Emmanuel Macron a répliqué avec force sur le fond, et de manière inédite sur la forme.
Délivrant des messages en anglais qui depuis font florès sur les réseaux sociaux, il a invité les chercheurs américains à venir en France (osant un « la France est votre nation », et leur donnant du « you guys »). Il a rappelé que leur Président avait décidé de « mettre en péril » leurs budgets et leurs initiatives. Regrettant une décision américaine qualifiée de « véritable erreur pour les États-Unis et pour la planète », sa formule « Make the planet great again », détournant le slogan de campagne de Trump, a fait le tour du monde journalistique et numérique, comme un défi direct et personnel à celui qui annonce ses décisions présidentielles sur Twitter.
Deux récits, deux conceptions de la politique, deux hommes, deux générations, ont entamé un dialogue musclé, et seront systématiquement (et avec délice) présentés comme rivaux par les médias. La tension du dialogue dépasse désormais l’anecdote de la poignée de main, pour toucher à des questions de fond.

Une recomposition globale ?

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