La RDN semble avoir trouvé sa formule de croisière, avec des dossiers thématiques complets abordés sous l’angle des études de défense, auxquels on ajoute pour mémoire d’anciens articles parus dans la même revue (qui existe depuis 1939), et quelques revues d’ouvrages récents. Le numéro proposé par Isabelle FACON et Céline MARANGE sur la puissance russe offre presque une trentaine de papiers précis, pointus même, qui ont également l’avantage de montrer que la communauté française d’experts sur la Russie est plutôt bien fournie.
Au-del de l’hypothèse centrale (la Russie est une puissance
plus fragile que ce qu’en disent les
analyses qui se concentrent sur l’habileté stratégique de Vladimir Poutine), les
contributions d’Eugène Berg sur la Russie dans le conflit syrien, d’Igor
Delanoë sur sa présence en Mer Noire, de Robert Zazemann sur les forces russes
en Crimée, son d’une grande utilité. Céline Marangé sur les forces nucléaires,
Guillaume Lasconjarias sur les instrulments d’A2/AD, les papiers sur les forces
terrestres, maritimes et aériennes, sont tout aussi précis. La stratégie russe
vue de l’UE (Laure Delcour), de Scandinavie (Barbara Kunz), des pays Baltes (Zivile
Kalibataite), du Bélarus (Anaïs Marin) ou du Caucase du Sud (Gaïdz Minassian), offrent
des perspectives rarement explorées avec autant de minutie en France. Hélène
carrière d’Encausse, Anne de Tinguy, Valérie Niquet, apportent les contributions
de plumes reconnues, pour dire le moins.
Formule RDN oblige, les papiers restent extrêmement courts,
et chacun pourrait faire l’objet d’un rapport bien plus long, plus développé. Mais
l’essentiel, ici, était de démontrer que la communauté stratégique française en
a les auteurs potentiels. Le numéro est pertinent, complet (sous l’ange
défense) et bien informé. A ce titre, il constitue une référence. Les coordonnatrices
auraient pu se replier sur des exercices plus convenus, qui auraient suffi à « meubler »
un numéro de plus. Elles ont choisi de réunir de nombreux papiers sur des
sujets souvent originaux, véritablement resserrés autour de l’analyse militaire
et de défense (plus la sécurité énergétique), et à ce titre méritent que leur
travail soit salué.
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