L'Allemagne comme enjeu stratégique - Vue de la France
(Publié dans la Lettre de l'IRSEM)
Comme bien d’autres armées, comme bien d’autres politiques de défense, l’Allemagne connaît aujourd’hui une série de réformes marquées à la fois par la nécessité de s’adapter à un contexte stratégique en évolution profonde, et par une contrainte budgétaire forte. Les réponses apportées par l’Allemagne à ces impératifs de mouvement sont naturellement cruciales pour la France, et il était important, à plusieurs titres, d’y consacrer un dossier.
En premier lieu, l’Allemagne est comme on le sait le partenaire privilégié de la France depuis la réconciliation de l’après-guerre, et plus encore dans le cadre de l’aventure européenne (au bon sens du terme).
Cette perception est-elle partagée outre-Rhin ? La France est-elle toujours vue comme une relation spéciale, comme l’autre pièce maîtresse de ce « moteur » franco-allemand pour l’Europe, ou simplement comme un partenaire parmi d’autres ?
Un certain nombre de débats récents ont laissé planer le sentiment que les visions stratégiques respectives des deux pays s’étaient éloignées. Le souhait allemand d’une Europe dénucléarisée, exprimé en compagnie de pays neutres à la veille du somme de l’OTAN à Lisbonne (en novembre 2010), le refus par Berlin de voter la résolution 1973 sur la Libye (en mars 2011), les postures allemandes sur le nucléaire civil et sur quelques autres dossiers encore, ont nourri quelques spéculations, fondées ou pas, sur l’avenir incertain de ce duo à la nature pourtant unique.
Unique, car rien ne peut se faire en Europe sans ou contre l’un ou l’autre. Unique également car le modèle de réconciliation politique fourni par les deux voisins au sortir de la Seconde Guerre mondiale demeure exemplaire, et résonne toujours comme un espoir à méditer dans bien des processus post-conflictuels en cours, même si les paramètres qui avaient à l’époque présidé à ce rapprochement ne se retrouveront plus sous toutes les latitudes…
Sans même la regarder systématiquement, comme on le fait souvent depuis Paris, sous la seule lumière du couple franco-allemand, l’Allemagne est un pays qui compte. Elle est l’une des grandes puissances économiques du système international, l’une des voix politiques fondées sur une diplomatie compétente, un allié important vu des Etats-Unis, et une puissance culturelle dans toute une partie de l’Europe. La question de l’avenir de son outil militaire, du rôle que l’on souhaite lui voir jouer, de sa contribution à un système d’alliance qui a bien besoin de cet élément important, est donc fondamentale.
Pour la France, pour l’UE, pour l’OTAN, pour les Nations Unies, la vision allemande et sa volonté de s’impliquer – ou pas – dans les affaires du monde, ne peut laisser indifférent.
Entre des réalités concrètes qui montrent l’importance de ce partenaire, et des fantasmes multiples qui en brouillent l’analyse (du Sonderweg au « retour de Bismark » en passant par le syndrome de la « finlandisation » - ou de la neutralisation), il faut aujourd’hui investir sur la compréhension, sur l’analyse, sur la connaissance de l’Allemagne comme acteur stratégique incontournable.
Frédéric Charillon
(Publié dans la Lettre de l'IRSEM)
Comme bien d’autres armées, comme bien d’autres politiques de défense, l’Allemagne connaît aujourd’hui une série de réformes marquées à la fois par la nécessité de s’adapter à un contexte stratégique en évolution profonde, et par une contrainte budgétaire forte. Les réponses apportées par l’Allemagne à ces impératifs de mouvement sont naturellement cruciales pour la France, et il était important, à plusieurs titres, d’y consacrer un dossier.
En premier lieu, l’Allemagne est comme on le sait le partenaire privilégié de la France depuis la réconciliation de l’après-guerre, et plus encore dans le cadre de l’aventure européenne (au bon sens du terme).
Cette perception est-elle partagée outre-Rhin ? La France est-elle toujours vue comme une relation spéciale, comme l’autre pièce maîtresse de ce « moteur » franco-allemand pour l’Europe, ou simplement comme un partenaire parmi d’autres ?
Un certain nombre de débats récents ont laissé planer le sentiment que les visions stratégiques respectives des deux pays s’étaient éloignées. Le souhait allemand d’une Europe dénucléarisée, exprimé en compagnie de pays neutres à la veille du somme de l’OTAN à Lisbonne (en novembre 2010), le refus par Berlin de voter la résolution 1973 sur la Libye (en mars 2011), les postures allemandes sur le nucléaire civil et sur quelques autres dossiers encore, ont nourri quelques spéculations, fondées ou pas, sur l’avenir incertain de ce duo à la nature pourtant unique.
Unique, car rien ne peut se faire en Europe sans ou contre l’un ou l’autre. Unique également car le modèle de réconciliation politique fourni par les deux voisins au sortir de la Seconde Guerre mondiale demeure exemplaire, et résonne toujours comme un espoir à méditer dans bien des processus post-conflictuels en cours, même si les paramètres qui avaient à l’époque présidé à ce rapprochement ne se retrouveront plus sous toutes les latitudes…
Sans même la regarder systématiquement, comme on le fait souvent depuis Paris, sous la seule lumière du couple franco-allemand, l’Allemagne est un pays qui compte. Elle est l’une des grandes puissances économiques du système international, l’une des voix politiques fondées sur une diplomatie compétente, un allié important vu des Etats-Unis, et une puissance culturelle dans toute une partie de l’Europe. La question de l’avenir de son outil militaire, du rôle que l’on souhaite lui voir jouer, de sa contribution à un système d’alliance qui a bien besoin de cet élément important, est donc fondamentale.
Pour la France, pour l’UE, pour l’OTAN, pour les Nations Unies, la vision allemande et sa volonté de s’impliquer – ou pas – dans les affaires du monde, ne peut laisser indifférent.
Entre des réalités concrètes qui montrent l’importance de ce partenaire, et des fantasmes multiples qui en brouillent l’analyse (du Sonderweg au « retour de Bismark » en passant par le syndrome de la « finlandisation » - ou de la neutralisation), il faut aujourd’hui investir sur la compréhension, sur l’analyse, sur la connaissance de l’Allemagne comme acteur stratégique incontournable.
Frédéric Charillon
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