dimanche 30 avril 2017

La défense, pour quoi faire ?






Article paru dans TheConversation

La question est de Jean‑Luc Mélenchon, dans le débat du 4 avril, et il faut reconnaître qu’elle a sa pertinence. Car les divergences entre les principaux candidats de l’élection présidentielle de 2017 tiennent finalement moins dans le renforcement de l’outil de défense lui-même – tous l’appellent de leurs vœux – que dans l’utilisation qu’ils souhaitent en faire.
Après les attentats de 2015-2016, le consensus sur un renforcement de l’armée et de la sécurité est à l’ordre du jour. Mais après l’élection de Donald Trump et les menées de Vladimir Poutine (en Ukraine comme en Syrie), les visions stratégiques divergent.

Des moyens pour la défense

Après deux Livres blancs sur la défense et la sécurité en 2008 et 2013, marqués par une réduction du format des armées, le retour du tragique sur le territoire national et dans l’environnement stratégique immédiat de l’Europe a imposé de reconsidérer la question. À la veille du scrutin des 23 avril et 7 mai, l’augmentation du budget est une nécessité reconnue : à 2 % du PIB pour les uns (Emmanuel Macron, François Fillon) ; à 3 % sur un quinquennat pour d’autres (Marine Le Pen, de façon moins certaine Benoît Hamon), tandis que Jean‑Luc Mélenchon refuse de raisonner en chiffres, encore moins avec ceux de l’OTAN (qui fixe la norme des 2 %).
L’idée d’une révision du dispositif Sentinelle est également partagée : la présence massive de militaires sur le territoire national après les attentats n’est pas appelée à perdurer (Macron, Hamon), sans doute à être redimensionnée (Fillon). De la même manière, l’utilité d’un nouveau Livre blanc ou d’une revue de défense nationale après l’élection, exercice devenu consubstantiel de l’ouverture d’un nouveau quinquennat, est largement reconnue. La tâche serait confiée directement au chef d’état-major des armées en cas de victoire de François Fillon.
Même l’idée d’une réintroduction, sous une forme ou une autre, d’un service national, fait son chemin. Si la proposition d’Emmanuel Macron d’un service « de durée courte un [mois], obligatoire et universel » a été la plus commentée, Marine Le Pen (trois mois) et Jean‑Luc Mélenchon (9 à 12 mois) y sont également sensibles.

Des postures stratégiques opposées

Une fois cet hymne à la défense nationale entonné, la feuille de route prend des couleurs différentes. D’une manière générale, la tendance occidentaliste la plus dure – qualifiée parfois, et sans doute rapidement, de « néoconservatisme à la française » – est pratiquement absente du paysage. Comment pourrait-il en être autrement, alors que l’atlantisme a perdu de son sens avec un Président américain sceptique sur l’OTAN, et que Vladimir Poutine fait figure désormais de défenseur à la fois de l’Occident, de l’autoritarisme et de l’intervention militaire ?

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