Les bouleversements arabes : leçons,
espoirs et interrogations
Au début de l’année
2011, respectivement les 14 janvier et 11 février, deux des plus anciens chefs
d’Etat arabes furent contraints de quitter le pouvoir à quelques jours
d’intervalle : les présidents tunisien Zine el-Abidine Ben Ali (au pouvoir
depuis 1987), puis le président égyptien Hosni Moubarak (au pouvoir depuis
1981). Les scènes observées dans ces deux pays allaient, sur des toiles de fond
pourtant extrêmement variées, se reproduire dans d’autres Etats arabes. Dès le
mois de janvier, on note des émeutes en Algérie, des manifestations en
Mauritanie, en Jordanie puis au Yémen, tandis que des personnes s’immolent par
le feu au Maroc. Bahreïn et la Libye connaissent des « journées de la
colère » en février, et Oman est gagné par la contestation le même mois.
En mars, la Syrie bascule à son tour dans l’affrontement et la répression.
Révolutions ?
Révoltes ? Soulèvements ? Les mots importent, et ils ne font pas
l’unanimité.[1] Tout changement politique
n’est pas Révolution, et l’on ne sait pas encore si les processus en cours
amèneront, comme ce fut par exemple le cas de la Révolution iranienne de 1979,
une véritable alternance des dirigeants, du type de régime en place, des élites
au pouvoir. Les simples termes de « révolte » ou de « soulèvement »
paraissent à l’inverse un peu faibles au regard des phénomènes en cours :
la disparition de décideurs qui paraissaient inamovibles, dans des pays dont la
vie politique semblait sclérosée ; le réveil déterminé d’une société civile que
l’on croyait introuvable ; des équilibres politiques régionaux
profondément transformés, dont les puissances extérieures (américaine et
européenne en tête) devront tenir compte.
Des premières leçons peuvent
être tirées de ces événements, toujours en cours pour certains. Et si l’espoir est permis de voir des jours
meilleurs pour la Méditerranée et le Moyen-Orient, de nombreuses interrogations
demeurent sur la nature des événements, et sur les trajectoires que ceux-ci
pourront prendre désormais.
Lire la suite dans le dernier numéro de Questions Internationales, janvier 2012
[1] Voir F. Charillon, A. Dieckhoff (dirs.), Afrique du Nord Moyen-Orient 2012, Révolutions civiques, bouleversements
politiques, ruptures stratégiques, La Documentation française, Paris, 2011.
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