samedi 5 avril 2014

Qu'est-ce que la puissance moderne ?

Les conflits récents – Afghanistan, Irak, mais aussi Liban en 2006, demain peut-être Mali ou Centrafrique – ont montré les difficultés des grandes puissances militaires, le plus souvent occidentales, à s’imposer face à des adversaires plus faibles. Au-delà de «l’asymétrie» régulièrement invoquée, c’est à une redéfinition de la puissance que nous sommes conviés, à une nouvelle typologie de ses détenteurs, à une nouvelle pratique de celle-ci enfin, qui doit combiner plusieurs types d’atouts. Les conflits à venir ne seront plus «symétriques». Ils mettront aux prises des forces disparates, cherchant toutes à combiner leurs forces avec des acteurs sociaux, à tirer partie du terrain, à gagner la guerre du récit. Autant s’y préparer.
Les dernières années ont considérablement remis en cause le concept de puissance. D’abord par une actualité internationale qui a montré les limites des acteurs traditionnellement considérés comme les plus «puissants», en particulier après les aventures américaines en Irak et en Afghanistan. Ensuite du fait d’une contrainte budgétaire qui, à partir de la crise de 2008, a touché les appareils militaires les plus performants, c’est-à-dire occidentaux, tandis qu’au «Sud», des grands acteurs émergents comme la Chine démontraient une volonté nouvelle de peser sur les affaires mondiales. Enfin, parce que la puissance semble s’exercer désormais par d’autres modalités, sur d’autres registres d’action, qui permettent à des acteurs nouveaux – micro-États, acteurs non étatiques… – de jouer un rôle dans le processus politique global.
Au final, l’opposition classique entre hard power et soft power, même réconciliée autour du «smart power» de Joseph Nye, paraît avoir laissé place à un clivage nouveau, qui oppose les pratiques anciennes de la puissance et ses pratiques modernes. Les premières continuent de miser sur la quantité des ressources (forces armées, budgets engagés, y compris pour le soft power…), les secondes misent davantage sur des formes qualitatives nouvelles, qui intègrent aussi bien les nouvelles technologies que les solidarités traditionnelles, réunies dans une combinaison où la priorité est donnée à l’efficacité de l’action, et non plus à la démonstration de souveraineté de l’État. C’est en quelque sorte à une conversion à une puissance modernisée et réinventée que les principaux acteurs étatiques de la scène mondiale sont conviés en ce milieu des années 2010.

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