Les conflits récents – Afghanistan, Irak, mais aussi Liban en 2006,
demain peut-être Mali ou Centrafrique – ont montré les difficultés des
grandes puissances militaires, le plus souvent occidentales, à s’imposer
face à des adversaires plus faibles. Au-delà de «l’asymétrie»
régulièrement invoquée, c’est à une redéfinition de la puissance que
nous sommes conviés, à une nouvelle typologie de ses détenteurs, à une
nouvelle pratique de celle-ci enfin, qui doit combiner plusieurs types
d’atouts. Les conflits à venir ne seront plus «symétriques». Ils
mettront aux prises des forces disparates, cherchant toutes à combiner
leurs forces avec des acteurs sociaux, à tirer partie du terrain, à
gagner la guerre du récit. Autant s’y préparer.
Les dernières années ont considérablement remis en cause le concept
de puissance. D’abord par une actualité internationale qui a montré les
limites des acteurs traditionnellement considérés comme les plus
«puissants», en particulier après les aventures américaines en Irak et
en Afghanistan. Ensuite du fait d’une contrainte budgétaire qui, à
partir de la crise de 2008, a touché les appareils militaires les plus
performants, c’est-à-dire occidentaux, tandis qu’au «Sud», des grands
acteurs émergents comme la Chine démontraient une volonté nouvelle de
peser sur les affaires mondiales. Enfin, parce que la puissance semble
s’exercer désormais par d’autres modalités, sur d’autres registres
d’action, qui permettent à des acteurs nouveaux – micro-États, acteurs
non étatiques… – de jouer un rôle dans le processus politique global.
Au final, l’opposition classique entre hard power et soft power, même réconciliée autour du «smart power»
de Joseph Nye, paraît avoir laissé place à un clivage nouveau, qui
oppose les pratiques anciennes de la puissance et ses pratiques
modernes. Les premières continuent de miser sur la quantité des
ressources (forces armées, budgets engagés, y compris pour le soft power…),
les secondes misent davantage sur des formes qualitatives nouvelles,
qui intègrent aussi bien les nouvelles technologies que les solidarités
traditionnelles, réunies dans une combinaison où la priorité est donnée à
l’efficacité de l’action, et non plus à la démonstration de
souveraineté de l’État. C’est en quelque sorte à une conversion à une
puissance modernisée et réinventée que les principaux acteurs étatiques
de la scène mondiale sont conviés en ce milieu des années 2010.
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