P. Buhler, La puissance
au XXIe siècle, Biblis, Editions du CNRS, 2014
Retrouvez les autres notes de lectures dans la Lettre de l'IRSEM n°8-2014
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La réédition augmentée et en poche de ce travail désormais
classique de Pierre Buhler (première édition en 2011) vient utilement mettre à
jour sa réflexion sur la puissance, notamment à la lumière des événements
ukrainiens, mais aussi moyen-orientaux. Diplomate de carrière doté d’une
expérience d’enseignement de quatre années à Sciences Po, l’auteur excelle là
où on l’attendait (notamment sur la conception russe de la puissance, sur la
situation ukrainienne et centre-européenne, sur la puissance américaine, sur
l’Asie – autant de champs qu’il a pratiqués amplement), mais également là où on
l’attendait moins, à savoir sur la partie plus académique de sa réflexion (dont
on pouvait imaginer qu’elle exigeait un investissement en temps moins
accessible à un acteur qu’à un universitaire). Les quelque 600 pages de Pierre
Buhler offrent en effet en toile de fond, au-delà de l’analyse du concept de
puissance, une véritable introduction
aux relations internationales qui mobilise les auteurs clefs et les commente
avec pertinence. Sur le concept de puissance lui-même, la mise en abîme
historique (chapitre 1), les passages sur la relation de la puissance au droit
et, partant, à la légitimité (chapitre 3), à la géographie, à la démographie ou
à l’économie, sont particulièrement éclairants. P. Buhler plaide notamment,
chiffres alarmants à l’appui, pour un plus grand investissement français et
européen en faveur de la R&D, éléments incontournables de la puissance de
demain. Sans parti pris théorique, il adopte néanmoins (p.330-331) l’une des
définitions les plus modernes et convaincantes de la puissance, à savoir celle
de Susan Strange (The Retreat of the
State, 1996), comme : « la capacité d’une personne ou d’un groupe
de personnes d’influer sur un résultat de telle manière que ses préférences
l’emportent sur celles des autres ». A méditer.
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