Le rayonnement européen de certains leaders nationalistes (Orban, Salvini…), les adresses publiées par
Emmanuel Macron dans les journaux des différents pays membres, la préoccupation environnementale commune, de nouveaux médias ou des traitements plus internationaux de la part de médias traditionnels, ont fini par inscrire l’élection de mai 2019 dans une véritable vie politique européenne commune, avec une participation honorable (50,5 %). Il ressort de ce scrutin l’installation d’un clivage qui s’observe à l’échelle d’une société européenne à deux vitesses, entre une Europe de l’ouverture et une Europe de la fermeture. Cette confrontation aboutit à des rapports de force variables d’un Etat à l’autre et donne lieu à trois catégories de situations : celle où l’ouverture reste de mise, celle où elle a cédé devant
le souverainisme, celle où les deux sont au coude-à-coude. Au-delà des compétitions partisanes nationales, cette donne pose la question des relations extérieures : avec quels partenaires, avec quel projet et sur quels thèmes l’Europe, à la fois comme entité unique et comme addition de politiques étrangères nationales, souhaite-t-elle jouer un rôle dans le monde ?
Vers un clivage binaire transeuropéen
Les scores des partis écologistes (20,7 % en Allemagne, 16 % en Finlande, 15 % en Irlande, 13,5 % en France) et des partis libéraux font de ces deux forces (qui deviendront les groupes Verts/ALE et ADLE au Parlement européen) les nouvelles puissances montantes du continent. Mais elles partagent cet honneur avec les partis d’extrême droite ou nationalistes :
Orban (56 %) et
Salvini (33,8 %) triomphent, le PiS polonais (42,2 %) demeure, l’AfD (10,8 %) s’installe en Allemagne, et le
RN arrive en tête en France. Avec des résultats différents selon les pays, le clivage droite-gauche fait place à une confrontation entre deux visions programmatiques différentes, l’une qui voit le salut dans la coopération multilatérale, démocratique et libérale, et l’autre dans une réappropriation nationale et protectionniste de la gestion des affaires publiques.