A.J.
Bacevich, the new
American Militarism. How Americans
Are Seduced By War, Oxford University Press, Oxford, 2013
Voir les autres notes de lecture dans la Lettre de l'IRSEM n°6 - 2014
En 2005, dans la première édition de ce travail, Andrew Bacevitch
nous expliquait, après le déclenchement
de deux guerres américaines en Afghanistan et en Irak, pourquoi les Etats-Unis
s’étaient fondamentalement, culturellement, durablement construits sur la
militarisation de la société, ce qui allait, en toute logique selon lui
continuer de favoriser les interventions militaires extérieures. Huit ans plus
tard et sous le second mandat de Barack Obama, l’auteur persiste et signe, restituant
presque intact son premier jet augmenté d’une mise à jour. Obama ne corrige pas
à lui seul le militarisme américain, ne le peut pas, ne le souhaite pas. Très
critique vis-à-vis de ce « mariage entre un esprit de caste militaire et
un esprit d’utopie » (à la fois ancré dans le passé et objet de consensus
bipartisan (p.3), Bacevitch, auteur de nombreux ouvrages de stratégie (Washington Rules, The Limits of Power, The End
of American Exceptionalism…), en dresse la sociologie et les limites.
Réponse de certains groupes au traumatisme du Vietnam, favorisé par les
segments les plus religieux de la société, entretenu par Hollywood, le
militarisme excessif (et ses rhétoriques dangereuses, comme cette « guerre
contre la terreur » qualifiée de « quatrième guerre mondiale » -
après la guerre froide qui aurait été la troisième), n’a plus permis de gagner
de guerre véritable depuis 1945. Au fil des portraits de généraux et de
politiques, l’auteur nous brosse le tableau d’une impasse et propose dix
préconisations en fin d’ouvrage, qui culminent avec un appel au retour du
soldat citoyen. On peut douter de certains pronostiques (le fossé de puissance
entre les Etats-Unis et ses poursuivants reste bien profond, contrairement aux
prédictions de 2005), de certains parallèles étranges (Reagan héritier de
Wilson et de Roosevelt), contester l'hypothèse d’ensemble (car Obama semble
tout de même, malgré les drones et les cyber-attaques, nettement moins portée
sur l’action militaire que son prédécesseur). Mais Bacevitch a une thèse, et il
la défend âprement, avec conviction et talent.
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