mercredi 8 octobre 2014

A.J. Bacevich, The New American Militarism


A.J. Bacevich, the new American Militarism. How Americans Are Seduced By War, Oxford University Press, Oxford, 2013

Voir les autres notes de lecture dans la Lettre de l'IRSEM n°6 - 2014


En 2005, dans la première édition de ce travail, Andrew Bacevitch  nous expliquait, après le déclenchement de deux guerres américaines en Afghanistan et en Irak, pourquoi les Etats-Unis s’étaient fondamentalement, culturellement, durablement construits sur la militarisation de la société, ce qui allait, en toute logique selon lui continuer de favoriser les interventions militaires extérieures. Huit ans plus tard et sous le second mandat de Barack Obama, l’auteur persiste et signe, restituant presque intact son premier jet augmenté d’une mise à jour. Obama ne corrige pas à lui seul le militarisme américain, ne le peut pas, ne le souhaite pas. Très critique vis-à-vis de ce « mariage entre un esprit de caste militaire et un esprit d’utopie » (à la fois ancré dans le passé et objet de consensus bipartisan (p.3), Bacevitch, auteur de nombreux ouvrages de stratégie (Washington Rules, The Limits of Power, The End of American Exceptionalism…), en dresse la sociologie et les limites. Réponse de certains groupes au traumatisme du Vietnam, favorisé par les segments les plus religieux de la société, entretenu par Hollywood, le militarisme excessif (et ses rhétoriques dangereuses, comme cette « guerre contre la terreur » qualifiée de « quatrième guerre mondiale » - après la guerre froide qui aurait été la troisième), n’a plus permis de gagner de guerre véritable depuis 1945. Au fil des portraits de généraux et de politiques, l’auteur nous brosse le tableau d’une impasse et propose dix préconisations en fin d’ouvrage, qui culminent avec un appel au retour du soldat citoyen. On peut douter de certains pronostiques (le fossé de puissance entre les Etats-Unis et ses poursuivants reste bien profond, contrairement aux prédictions de 2005), de certains parallèles étranges (Reagan héritier de Wilson et de Roosevelt), contester l'hypothèse d’ensemble (car Obama semble tout de même, malgré les drones et les cyber-attaques, nettement moins portée sur l’action militaire que son prédécesseur). Mais Bacevitch a une thèse, et il la défend âprement, avec conviction et talent.

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