G. Dorronsoro, O. Grojean (dirs.), Identité et politique. De la différenciation culturelle au conflit,
Presses de Sciences Po, Paris, 2015
L’identité est une ressource, même un capital, elle est
mobilisable et convocable comme telle, et les conséquences sur les dynamiques
nationales comme internationales, surtout conflictuelles, en sont importantes.
Tel est le message de cet ouvrage à l’écriture précise, où la préoccupation
empirique fait jeu égal avec le souci d’interprétation conceptuelle, et qui
nous fait découvrir, autour des trois cas turc, iranien et pakistanais, des
situations riches en enseignements, et inédites pour beaucoup de lecteurs (on
découvre ainsi le Gilân en Iran, les alévis et les sunnites en Anatolie
centrale, l’importation du conflit baloutche à Quetta. Démontant les simplismes
de la plupart des lectures identitaires et ethniques des conflits,
réintroduisant la trajectoire étatique et la forme d’organisation
administrative et institutionnelle dans l’analyse, ce travail décrypte les
implications du fait identitaire sur l’évolution des hiérarchies sociales et
politiques, et reconstitue l’intérêt pour certains groupes d’avoir recours
à ce registre. Limiter les défections, acquérir un monopole de la
représentation, imposer une solidarité de fait à ceux qui seront étiquetés
identitairement, le tout avec une grande souplesse, font partie des
explications du succès de l’entreprise identitaire, mais également de son
rapport à la violence. l’ensemble
des problématiques situées entre culture, identité, conflit et violence,
demeure un terrain miné. Le travail présenté ici constitue pourtant une
contribution éclairée et particulièrement pertinente à ce secteur clef de la
science politique contemporaine.
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