Christopher
Hill, foreign policy in The Twentieth Century,
Palgrave Macmillan, 2016 (2d édition)
L’ouvrage de Christopher Hill, Professeur à Cambridge – et
l’un des maîtres incontestés de l’analyse de la politique étrangère – vient à
point nommé pour relancer l’étude de cette politique publique dangereusement
délaissée en France, et même en Europe.
Dans cette seconde édition de son Changing Politics of foreign
policy (2003), l’auteur donne d’ailleurs le ton
dès l’introduction (et reprend l’argument à la fin de l’ouvrage), incriminant
l’absence cours de politique étrangère en Europe comme une démission dangereuse
de la communauté académique. Démission souvent volontaire dans la mesure où le
jargon abscons mis au point par les professionnels de la recherche interdit aux
acteurs véritables (diplomates, politiques…) de s’intéresser à leur travail et
donc de l’évaluer.
Moins systématique
que le foreign
policy : Theories, Actors,
Cases de Smith, Hadfield et Dunne (auquel il a néanmoins contribué), ce
travail est plus riche de réflexions personnelles. Il pose la question de la
définition de la politique étrangère dans le monde qui vient, autour de
quelques axes : l’intentionnalité de l’acteur, la contrainte du système,
la responsabilité et la légitimité dans un monde aux enjeux et aux acteurs
multiples. Si Hill ne croit pas à une approche unique, il croit en revanche à
nécessité d’un retour aux définitions cohérentes (la politique étrangère,
l'Etat, la puissance…), à l’histoire, et aux études de cas. Ses pages
fourmillent d’exemples, récents ou anciens. Une question le taraude : la
politique étrangère est faite par qui, pour
qui, et avec quel résultat ? C’est, là encore, l’interrogation sur la
responsabilité, fil rouge de plusieurs de ses livres récents. Christopher Hill
croit surtout à la comparaison, et donc à la politique étrangère comparée, qui
a connu pourtant bien des aventures infructueuses dans le passé. Mais, avec
d’autres (comme Juliet Kaarbo), il plaide à nouveau, à raison, pour cet
exercice irremplaçable.
Si les entrées principales de la foreign policy analysis
sont présentes (l’acteur, sa rationalité limitée, son entourage, la
bureaucratie, l'opinion publique, la société, le transnational… des originalités
nombreuses parsèment le livre, notamment sur le phénomène de linkage, qui peut être à la fois réactif
(une société réagit, par exemple par affect, à ce qui se passe ailleurs :
ainsi des manifestations de soutien à la Palestine), émulatif (une vague qui se
propage par imitation d’un phénomène extérieur – comme les révolutions arabes
en 2011) ou pénétrant (une intention extérieure délibérée de déclencher un
phénomène dans une société donnée). La préoccupation pédagogique est toujours
forte (comme dans le graphique de la page 147 qui recense les ressources,
capacités et instruments de la politique étrangère, ou surtout dans
l’excellente bibliographie, sélective en fin de chaque chapitre, exhaustive à
la fin de l’ouvrage). L’ensemble en fait naturellement un livre de chevet pour
les étudiants de relations internationales.
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