H. COUDURIER, Jean-Yves
LE DRIAN. Le glaive du président, Plon, 2017
Déjà auteur
de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère de la France, le directeur de
l’information du Télégramme (de
Brest) et de télévision Bretagne
Ouest nous offre à la fois une biographie de l’homme et un panorama de la
plupart des dossiers récents qu’il a eu à traiter. L’exercice est utile :
rares sont les publications sur un ministre de la défense encore en exercice à
l’heure de la parution. Il n’est pas trop technique, et en cela différent
d’autres travaux plus volumineux (mais tout aussi indispensables) sur les
opérations militaires françaises.
Le Drian le Breton, Le Drian le socialiste, Le Drian le
proche de François Hollande, Le Drian l’Africain, sont ainsi racontés tout à
tour. Le Mali, le Tchad, la Centrafrique, les régimes africains, les rivalités
avec le Quai, l’imbroglio libyen, les exportations d’armes et leurs méandres proche-orientaux
et en particulier golfiques, constituent l’essentiel de la seconde partie de
l’ouvrage, celle qui traite du quinquennat. Plus rapidement, sont évoqués les
relations avec l’Amérique, la gestion de la crise ukrainienne, les relations
avec Poutine sur la Syrie, le lien franco-algérien si particulier. On aurait
sans doute aimé un mot de plus sur l’épisode syrien de 2013 (la France qui
s’apprête à frapper, l’Amérique qui recule), sur la gestion du ministère
lui-même en ces temps difficiles, ou sur les discours du ministre au Shangri La
Dialogue de Singapour, dans lesquels il annonça par deux fois - sans doute de
façon optimiste – le retour de la France comme puissance en Asie (2012), ou des
initiatives européennes en Mer de Chine du Sud (2016). Mais au final, c’est une
synthèse utile des cinq années du ministre à l’hôtel de Brienne que nous tenons
ici.
Quelques petites erreurs étonnantes – de relecture sans doute
- parsèment le livre. La célèbre phrase polémique de Manuel Valls sur
le jihadisme « Expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser », devient
« expliquer c’est déjà comprendre » (p.25 – ce qui eut été moins
problématique!), le malheureux chef de bataillon Damien Boiteux n’a pas été
« gravement blessé » mais hélas tué dans l’opération Serval (p.127),
la formule de Lionel Jospin sur l'Afrique n’était naturellement pas
« mi-ingérence mi-indifférence » (mais ni-ni – p.151), Michèle Alliot-Marie ne fut pas ministre de la
défense de Nicolas Sarkozy mais de Jacques Chirac (p.201), etc. Mais le
contexte est néanmoins bien resitué. Le portrait de l’homme paraît honnête, à
la fois admiratif et sans masquer quelques critiques (un Le Drian qui n’aime
pas l’opposition, s’en prend aux journalistes du Monde ou de Canal Plus) ; le portrait de son équipe fait peut-être
preuve de moins de distance, mettant en scène les différents conseillers d’une
manière qu’ils ne désapprouveraient sans doute pas (on s’éloigne alors du
portrait « sans concession » promis en quatrième de couverture).
L’ouvrage de Coudurier s’inscrit dans la lignée de ces
livres de journalistes utiles sur la gestion en cours ou récente de l’action
extérieure. Des travaux plus universitaires devraient leur emboîter le pas.
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