vendredi 21 octobre 2016

Quelle politique étrangère pour la droite républicaine ?







En quelques années, l’environnement stratégique de la France et de l'Europe s’est assombri. Les suites des soulèvements arabes au sud, les menées de Vladimir poutine à l’est, une crise européenne financière, politique (illustrée par le Brexit), morale (crise des réfugiés) et sécuritaire (retour du terrorisme), ont mis fin à l’illusion d’une Europe « post-tragique ». Dans le même temps, des alliés s’interrogent sur la garantie de sécurité américaine. Comment imaginer que cet ensemble ne constitue pas un défi majeur pour les prochains dirigeants français, de gauche ou de droite, après l’échéance électorale de 2017 ? Commençons, en l’occurrence, par la droite.



Une boîte à outil doctrinale nécessairement pragmatique


Il est difficile d'identifier en France une politique étrangère de droite ou de gauche : les débats sont trans-partisans (alliance atlantique, Proche-Orient, Russie…), l’attachement au devoir de consensus reste fort, et les partis de gouvernement ont travaillé plusieurs fois ensemble (en période de cohabitation ou pas : Bernard Kouchner fut ministre de François Fillon). Il n’en reste pas moins que dans les vingt dernières années, deux présidences de droite (Chirac 1995-2007, Sarkozy 2007-2012) peuvent offrir à leurs héritiers un corpus de doctrine, des leçons à tirer, ou un devoir d’inventaire.
Ces présidences n’ont pas été monolithiques. La période Chirac a connu une phase de volontarisme politique en 1995-97 (reprise des essais nucléaires, posture ferme dans les Balkans ou au Proche-Orient) ; une convergence réaliste entre le président et son ministre de cohabitation Hubert Védrine (2002-2007) ; le rejet assumé et mis en scène de la guerre américaine en Irak (2002-2004) ; enfin un rapprochement avec Washington. Sous Nicolas Sarkozy, l’annonce d’une rupture teintée de droits-de-l’hommisme fut rattrapée par les réalités internationales, et Alain Juppé revint au Quai en 2011. Initiatives multilatérales (au G20) et interventions militaires (Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye), grands desseins collectifs (l’Union pour la Méditerranée) et influence d’acteurs hors-système (Bernard-Henry Lévy sur l’affaire libyenne), furent combinés.
Au moins, certaines discussions n’ont plus lieu d’être. La question de l’OTAN est réglée : envisagé par Jacques Chirac en 1996-97, concrétisé par Nicolas Sarkozy en 2009, le retour français dans les instances intégrées est acté. Par ailleurs, l’opposition entre « gaullo-mitterrandisme » et néo-conservatisme comme grille de lecture des postures diplomatiques a montré ses limites. Vouloir se contenter de reproduire la geste gaullienne dans le monde actuel sans l’actualiser n’a aucun sens. L’essence très américaine du néo-conservatisme, courant intellectuel né à gauche et marqué par une diplomatie transformationnelle, s’applique mal à la France (même s’il a ses partisans). C’est en réalité une nouvelle discussion qui s’ouvre, dans laquelle la droite modérée a des points de repères possibles.

Urgences et questions qui fâchent

   Lire la suite sur Lemonde.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire