G. Devin (dir.), 10
concepts sociologiques en relations internationales, CNRS Editions, Biblis,
2015
Les grands auteurs de sociologie, s’ils ont généralement
écrit à des époques ou sur des contextes qui ne leur permettaient pas de traiter
explicitement des problématiques qui marquent désormais la société mondiale,
demeurent néanmoins riches d’enseignements pour l’analyse de cette dernière.
C’est le pari audacieux de cet ouvrage, que de relire dans une perspective
internationaliste les Goffman, Bourdieu, Elias, Boudon ou Simmel, naturellement
Weber et Durlkheim, mais également Mauss, Giddens ou Hirschman. La scène de
Goffman, avec ses codes et ses subtilités, se compare-t-elle à la scène
internationale, elle aussi codifiée, ritualisée, autour de protocoles pour le
moins symboliques ? (G. Devin). La théorie d’Anthony Giddens sur la
structuration (F. Petiteville), le « champ » tel que défini et
opérationnalisé par Bourdieu (F. Mérand), l’interdépendance éliasienne (F.
Delmotte), les trois types de domination wébériens (rationnel-légal,
traditionnel, charismatique, analysés par Th. Lindemann), la réciprocité chez
Mauss (F. Ramel) ou l’intégration pour Durkheim (B. badie), permettent-ils de mieux aborder la stratégie
poutinienne (convoquant à la fois virilité charismatique et tradition
impériale), les mécanismes internationaux de coopération, de domination, de
conflit, ou encore les processus décisionnels de certaines politiques
étrangères ? C’est là tout un agenda de recherche qui s’ouvre, déjà
défriché en réalité depuis plusieurs années en France par plusieurs des auteurs
réunis ici, et dont les cadres commencent à se fixer solidement, comme une
invitation à poursuivre ce « hors-piste » souvent porteur, et
générateur d’éclairages surprenants.
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